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Je n’irai pas! : Mémoire d’un insoumis

Je n’irai pas! : Mémoire d’un insoumis
La ville brûle 224 pages
1 critique de lecteur

Avis de Alexandre : "Paysan avant 1914, cantonnier puis chef des travaux après guerre comme mon grand-père. Et cela toujours à 200 km de distance…"

Blessé à l’été 1916, lors du premier jour de l’offensive de la Somme, Eugène Cotte écrit ses mémoires à vingt-sept ans, dans deux hôpitaux militaires du Calvados, car il pense qu’il ne survivra pas.  En décembre 1914, Eugène Cotte, auparavant classé comme réformé, avait été affecté au 23e régiment d’infanterie coloniale. En juin 1915, il était muletier aux Dardanelles et il revient en métropole fin avril 1916.

Cette carte n'est pas reproduite dans l'ouvrage

Après sa convalescence Eugène Cotte rejoint en octobre 1916 Marseille, puis le 53e bataillon de tirailleurs sénégalais à El Kantara (au sud de Bône, devenue Annaba) en Algérie. Il reste au Maghreb jusqu’en février 1918. Revenu en métropole, il est nommé renvoyé au front avec le grade de caporal avec la fonction de fourrier (chargé d’écritures). Intoxiqué par les gaz, il retrouve Marseille en septembre 1918 et reçoit en octobre 1918 la croix de guerre avec étoile de bronze. On trouve page 217 une phrase significative sur la suspicion de non fidélité des femmes de poilus et ailleurs des remarques désagréables vis-à-vis des tirailleurs sénégalais considérés comme les victimes plus que consentantes du colonialisme français.  

Le contenu de cet ouvrage est intéressant car il montre l’état d’esprit à la déclaration de guerre puis durant le conflit d’un ouvrier agricole de sensibilité libertaire qui s’était expatrié un temps en Suisse romande pour éviter le service militaire.

Pour bien comprendre l’intérêt de cet ouvrage, il faut savoir que le manifeste anarchiste dit des Seize, à l’initiative de Jean Grave et Pierre Kropotkine, paraît en février 1916. Ce texte a un contenu caricaturé extrêmement souvent et des auteurs de l’histoire du mouvement anarchiste non universitaires, à l’instar du romancier Michel Ragon, le considèrent comme une ignoble tâche dans la biographie d’un militant anarchiste le fait de l’avoir signé. En fait le manifeste des Seize dénonce l’impérialisme allemand et déclare qu’une perspective de paix qui offrirait à l’Allemagne une prime à l’agression doit être dénoncée : « avec ceux qui luttent, nous estimons que, à moins que la population allemande, revenant à de plus saines notions de la justice et du droit, renonce enfin à servir plus longtemps d’instrument aux projets de domination politique pangermaniste, il ne peut être question de paix. Sans doute, malgré la guerre, malgré les meurtres, nous n’oublions pas que nous sommes internationalistes, que nous voulons l’union des peuples, la disparition des frontières. Et c’est parce que nous voulons la réconciliation des peuples, y compris le peuple allemand, que nous pensons qu’il faut résister à un agresseur qui représente l’anéantissement de tous nos espoirs l’affranchissement».

Eugène Cotte devient cantonnier, puis à Gien chef des travaux pour les Ponts et chaussée dans l’Entre-deux-guerres. Il est à noter qu’en 1942 notre personnage accueille à Pannes, près de Montargis plusieurs mois de l’année 1942 un juif allemand qu’il avait connu avant-guerre. Il fait de la prison en 1943 pour cette raison. Quatre pages d’éléments biographiques, rédigés par Marcelle Bréchet (la fille d’Eugène Cotte) permettent de connaître l’ensemble de la vie d’un homme qui décède en 1976 alors qu’il a quatre-vingt-sept ans. Mis-à-part les années où il fuit ou effectue une responsabilité de soldat, il a toujours vécu dans le Loiret.

coup de coeur !

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Alexandre

Note globale :

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