Avis de Alexandre : "Quand Le Figaro annonçait le fascisme"
Le Futuriste est une BD évoquant Picasso, Kandinsky et Albert Robida à travers les fréquentations du peintre Luciano Salvatori qui, faute de vendre ses tableaux, accepte de donner suite au contact d’un étrange mécène. Ce dernier lui demande fin 1912 d’imaginer sur ses toiles des machines et équipements pour une guerre future. Étranger, le héros part en Suisse à la déclaration de la guerre et se désintéresse au conflit armé qui embrasse l’Europe (même après l’intervention italienne aux côtés des Alliés). Ce n’est qu’en octobre 1918 qu’il découvre des images de guerres où il reconnaît dans certaines machines de mort allemandes la réalisation matérielle de ses projets d’avant août 1914. Il retrouve peu après son ancien commanditaire et l’assassine le 11 novembre au matin avant que les Parisiens n’apprennent la signature de l’armistice.
On a ici une adaptation originale du mythe contemporain de la Grande Guerre de l’espion allemand vivant à la Belle Époque dans l’hexagone pour des actions malfaisantes dont la teneur se révèle durant le conflit. Une scène crue d’accouplement oblige de déconseiller cet album aux jeunes de moins de quinze ans. Stromboni propose un dessin élégant de couleur sépia qui colle bien avec la dimension historique du récit, le trait rugueux renforce l’expression des sentiments qui animent les personnages ; la mise en page est dynamique, la typographie est originale. Tout cela contribue à singulariser positivement cet album.