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L’homme à l’Hispano

L’homme à l’Hispano
L’Éveilleur274 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Le héros s’effondre comme la Bourse de New-York quelques années plus tard et pour des raisons un peu similaires"

Du fait de mon grand-oncle Paul Blaize, je possède un exemplaire dédicacé de l’ouvrage que Pierre Frondaie a consacré à la mort du marquis de Morès en 1896 (voir ce que nous en dit la présentation du titre La guerre de 1914-1918 sur les confins tuniso-tripolitains). De 1937 à 1940 le colonel Paul Blaize commande la base de Cazaux (près d’Arcachon), gagnant là ses galons de colonel, il y fréquente l’écrivain Pierre Frondaie et son épouse Jeanne Loviton (héritière de Robert Denoël dont elle était la maîtresse en 1945, elle vend ses parts à Gallimard le grand rival des éditions Denoël). Pierre Frondaie se rend ponctuellement avant 1914 puis durant tous les étés des années vingt à 1945 à Arcachon.

Il est à noter que le fait que sa première épouse Jeanne Gellier, une actrice de théâtre connue sous le pseudonyme de Madame Michelle, l’ait quitté en 1922 pour le capitaine Paul Bléry un capitaine d’aviation en mission à Cazeaux qu’elle avait connu à Arcachon ne vint pas dissuader Pierre Frondaie de changer de lieu de villégiature et de continuer à fréquenter les officiers d’une Armée de l’air devenue autonome de l’armée de terre en juillet 1934. La préface de Laure Bjawi-Levine, nièce de la dernière épouse de Pierre Frondaie, apporte d’autres éléments biographiques complémentaires des nôtres.

L’homme à l’Hispano de Pierre Frondaie est dédié par l’auteur à sa seconde épouse Madeleine Charnaux une des rares aviatrices de l’époque ; cette dernière se remariera avec Jean Fontenoy. C’est un chef-d’œuvre des Années folles adapté plusieurs fois au cinéma ; Vivastella d’Yves Pourcher reprend le personnage fictif central de Georges Dewalter et introduit dans cette même fiction également Jean Fontenoy.

Ce roman est paru en 1925 et il tire une partie de son inspiration de La Marche au destin une pièce en trois actes de Pierre Frondaie jouée un an auparavant. Le récit du livre a été adapté au théâtre quatre et cinq ans plus tard et au cinéma (un film de Julien Duvivier en 1926 et un autre de Jean Epstein en 1933). Des photographies de ces adaptations plus des clichés (issus d’archives familiales) montrant l’auteur avec en particulier une de ses quatre épouses ainsi que des illustrations prises dans des magazines de l’Entre-deux-guerres. On reste ébahi devant la richesse de cette iconographie.  

L’action se déroule dans les Années folles, entre Bordeaux et Biarritz pour l’essentiel. Un jeune Parisien, héros de la Grande Guerre, a une allure élégante. Pour séduire Stéphane une riche femme déjà mariée qui lui montre de l’affection, il s’embarque dans une série de mensonges sur sa condition sociale. La belle voiture Hispano-Suza qu’un ami lui fait conduire est un de ses passeports pour laisser croire en son aisance financière.

Si l’ambiance érotique est torride, elle n’en reste pas moins bien pudique dans les mots. On retiendra ce passage clé où s’exprime le héros :  

«  Mon beau personnage vivra autant que Stéphane. Elle me pleurera sans avoir, par moi, l’humiliation d’une douleur basse. Personne ne saura que j’ai été un imposteur. Elle seule parlera de moi et me fera survivre. Je serai dans son cœur, tel que je me suis créé pour elle…inventée pour elle… » (page 250)

Couverture pour une édition de 2011

Beaucoup d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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