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La fabrique du monstre: 10 ans dans les quartiers nord de Marseille, parmi les plus inégalitaires de France

La fabrique du monstre: 10 ans dans les quartiers nord de Marseille, parmi les plus inégalitaires de France
Les Arènes318 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Gaudin, alors enfant, dégustait-il des mistrals gagnants fabriqués à la Réglisserie de Lorette de Marseille en pensant à Notre-Dame"

Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin est vraisemblablement membre de l’Opus Dei d’après cet ouvrage, d’où notre titre. Alors que l’état matériel lamentable des écoles publiques de Marseille a fait un sujet de la presse nationale et une adjonction du préfet, on apprendra sans surprise que la mairie de Marseille apporte un financement toujours de plus en plus conséquent aux écoles privées sur son territoire.

L’ouvrage "Sociologie de Marseille" de Michel Peraldi, Claire Duport et Michel Samson nous disaient que les caractéristiques légendaires de Marseille tenaient soit du mythe, soit étaient en train de s’estomper. Nous avions alors marqué un certain scepticisme face à ce discours. Le discours de Philippe Pujol dans "La fabrique du montre : 10 ans dans les quartiers nord de Marseille, parmi les plus inégalitaires de France" est que :

« Cette ville n’est tout simplement que l’illustration visible des malfaçons de la République française ». (page 314)

Ceci pour « La violence, la drogue, l’affairisme, les magouilles, la corruption, le béton, l’élection, le racisme… ». (page 313)

Philippe Pujol passe en revue trois univers, celui de ceux qui vivent du commerce de la drogue (du niveau le plus bas à ceux qui ont atteint le stade de faire travailler les autres, mais sans atteindre les caïds), le milieu associatif et les élus. Parmi ces derniers, l’auteur s’intéresse particulièrement à Sylvie Andrieux,  Samia Ghali, Jean-Noël Guérini et Stéphane Ravier (Maire Front national d’un arrondissement).

Cette image n'est pas dans le livre

Comme l’écrit l’auteur « Le clientélisme est la marque des pays en voie de développement qui ont vocation à le rester ». (page 287) Après plus de décennies de pouvoir de Gaudin à la mairie (élu en 1995, il devrait rester à ce poste jusqu’en 2020), le système a fait tâche d’huile et on à l’impression que contrairement à l’ère de Gaston Defferre il n’y a même plus de pilote dans l’avion. Le cas est flagrant dans les rapports entre le syndicat des communaux FO et le maire, si Defferre instrumentalisait le second c’est aujourd’hui plutôt FO qui impose ses choix en matière de recrutement et de conditions de travail des employés de la ville. Pages 281 et 282, il y a recensement des divers clientélismes, autres que le politique qui en est le vecteur : associatif, communautaire, locatif, à l’emploi, éducatif, syndical et immobilier.  

Philippe Pujol connaît très bien les familles des gens qu’il évoque et pour ceux qu’il l’ignorerait il nous rappelle que l’extrême-droite à Marseille puise dans les nostalgiques de l’OAS mais aussi dans les descendants de Simon Sabiani qui tenait l’administration municipale dans les années trente, en s’appuyant sur le milieu marseillais, et qui dirigeait le PPF de Doriot dans le Sud-Est (pages 219 et 299).  On relèvera une seule erreur factuelle (page 199), en effet en 1977 Defferre rompt certes avec la droite mais ne s’allie pas pour autant avec les communistes, ce ne sera qu’en 1983 et cela lui vaudra de rester maire en emportant quatre secteurs sur six mais avec globalement moins de voix que les listes se réclamant de Gaudin.  La mort de Gaston Deferre avait projeté Robert Vigouroux pour 9 ans à la mairie, il y redressa un certains nombres de dérives, même si ce fut souvent dans une optique libérale qui eut des contrecoups (comme les cantines scolaires confiées à la Sodhexo, la voie urbaine privée à péage au tunnel du Prado, la collecte des ordures ménagères concédée). 2020 verra-t-il apparaître un maire plus dans le faire que dans le paraître, mettant fin au peucherisme (voir définition du mot page 205) et l'antiparisianisme servant à Gaudin  pour justifier tous ses échecs ? Et pas quelqu'un qui joue les cadors, comme apparaît cette expression bien marseillaise dans ce livre.

idé cadeau

Pour tous publics Aucune illustration

Benjamin

Note globale :

Par - 465 avis déposés - lecteur régulier

663 critiques
22/10/16
25 ans après, des photos de Marseille racontées par le photographe Gilles Favier

http://tempsreel.nouvelobs.com/videos/uzsqvv.DGT/25-ans-apres-des-photos-de-marseille-racontees-par-le-photographe-gilles-favier.html
734 critiques
18/01/17
On ne peut donc plus parler aujourd'hui de classe ouvrière, mais plutôt d'un monde qui travaille dans l'industrie

http://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand/politique/2017/01/11/mon-journal-en-campagne-l-invite-de-la-semaine-mathias-bernard-historien_12238267.html
598 critiques
25/06/17
A Marseille, les dessous bien peu reluisants du nouveau tourisme portuaire
https://www.bastamag.net/A-Marseille-les-dessous-bien-peu-reluisants-du-nouveau-tourisme-portuaire
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