Avis de Alexandre : "Les faits dans leur dimension cathédrale plutôt que l’effet dans une vision caricaturale"
Le directeur de cet ouvrage Éric Anceau se revendique d’un gaullisme social, ce qui l’amené à flirter d’abord avec Jean-Pierre Chevènement et ensuite avec Nicolas Dupont-Aignan. Il est vice-président du Comité d'histoire parlementaire et politique.
Le récit historique a porté, certainement en France plus qu’ailleurs, des enjeux mémoriels antagonistes. L’objectif de cet ouvrage est de revisiter certains faits ou aspects culturels, en s’appuyant sur les plus récentes découvertes d’une Histoire partant des réalités observables.
Pour mener cette tâche, Éric Anceau n’a pas fait appel seulement à des historiens et des historiens de l’art, mais il s’est également tourné pour une part modeste vers des sociologues, des économistes, des géographes, des juristes, des philosophes et des écrivains. Se côtoient ici en conséquence notamment François Lefèvre, Dominique Garcia, Anne Pingeot, Marcel Gauchet, Jean-François Sirinelli, Vincent Duclert, Alain Laquiez, Jean-Noël Grandhomme , Christelle Balouzat-Loubet, Bruno Dumézil, Yves-Marie Bercé, Jean-Clément Martin, Dominique Barjot, Thierry Lentz, Michel Biard, Dominique Poulot, Alexandre Gady, Jean-François Condette, Natalie Petiteau, Jean-Pierre Chaline, Xavier Mauduit, Jean-François Klein, David Chanteranne, Jacqueline Lalouette, Olivier Wieviorka, Ghaleb Bencheikh El Hocine, Marcel Gauchet, Laurent Joly, Julie d’Andurain, Gérard Noiriel.
Au total ils sont cent auteurs, chacun proposant un seul et unique texte général mais introduisant des focalisations dans celui des autres contributeurs. On voit, à travers les noms que nous avons cités, que l’on est dans le domaine bien plus des chercheurs chevronnés que dans celui de l’historien en voie de consécration. Une biographie de chacun d’eux est présente en fin d’ouvrage.
Dans l’introduction, il est rappelé que, dans les premières années des Cinquante Piteuses (comprendre les années qui suivirent le choc pétrolier de 1973-1974), Alain Decaux (l’historien français le plus médiatique de l’époque) s’alarmait du fait que l’on n’enseignerait plus l’histoire et que depuis ces années-là d'autre part, la France s’interroge beaucoup sur son identité. « Or les Français ne sont pas aidés dans cette quête d’un passé qui permette de comprendre le présent et d’essayer de se projeter dans l’avenir. (…) Complaisamment alanguis dans l’air du temps, maints dirigeants actuels de tous bords tordent l’histoire à des fins électorales. Dans le monde de 2025, qui est celui du présentisme, de l’instanténéité et de l’éphémère, qui est suturé d’émotions et de récits victimaires, qui est en proie au complotisme, aux infox et aux révisionnismes en tout genre, dans lequel des individus, des groupes et des communautés font leur marché dans le passé en quête de justification à leur vision du monde, le discours réfléchi, contruit et nuancé a beaucoup de mal à se faire entendre. Pour toutes ces raisons, l’histoire de France se trouve écartelée entre refoulement, déconstruction, nostalgie de la grandeur évanouie et d’un âge d’or perdu, crispation identitaire, volonté de réinvention. Dans de telles circonstances, elle a pu être oublieuse des nouvelles réalités démographiques, sociales et postcoloniales, comme les indéniables renouvellements amenés par l’histoire globale, l’histoire connectée, l’histoire environnementale, celle des minorités, des femmes, des immigrés ou, au contraire, s’y abandonner toute entière par effets de mode, sentiment de repentance ou passion destructrice » (pages 12-13).
Les parties sont respectivement intitulées : Régimes et violences, Politiques et spiritualités, Espaces et sociétés, Patrimoine et identités. Le premier volet est rigoureusement chronologique, démarrant avec les Francs pour se clore d’un premier côté par la Cinquième République avec en plus de généralités, des focalisations notamment sur la laïcité et la suppression de l’ENA par le président Macron qui accentue la perte d’attractivité du service de l’État. Le tout dernier point abordé est celui des violences urbaines traitées d’ailleurs sur le long terme, à savoir de la Restauration aux émeutes de 2005 et 2023. Entre temps, on se sera arrêté à l’essentiel des temps forts de notre histoire, à savoir par exemple la Guerre de Cent ans, les Guerres de Religion, Louis XIV, la Commune de Paris, La Collaboration puis la Résistance.
La deuxième partie s’intéresse à des dimensions sociétales comme l’immigration et l’émigration ou aux causes de celles-ci du fait de choix par exemple dans l’aménagement du territoire et des transports. Les grands courants spirituels se voient consacré un chapitre, à savoir le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme et la franc-maçonnerie.
Le troisième volet nous amène dans des espaces naturels tels la ruralité, la forêt ou les littoraux mais aussi vers des régions autrefois colonisés par la France (parfois dans un passé lointain et temporairement comme la Louisiane ou l’expédition au Mexique menée par Napoléon III). Des classes sociales sont l’objet d’études (notamment la bourgeoisie et les ouvriers). Des mouvements d’opinion trouvent également là leur place comme l’Affaire Dreyfus ou le féminisme.
La quatrième partie sert à affiner la notion d’identité française, ceci se fait en particulier par les arts dans leur grande diversité. Cette approche existe également à travers les questions d’honneur ou de savoir-vivre. On complète en évoquant notamment les loisirs et le tourisme mais aussi les sports et le nationalisme. Les héritages culturels ont leur place, d’un côté celui des Grecs et Latins réuinis et de l’autre celui des Gaulois. On apprécie grandement l'index des noms de lieux cités et l'index des noms de personnages historiques présent dans cet ouvrage.
Pour connaisseurs Aucune illustration
