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Les sauvageons

Les sauvageons
Rouergue126 pages
2 critiques de lecteurs

Avis de Zaynab : "Des sauvageons et des matons"

Le roman "Les Sauvageons" est une fiction, pour les jeunes collégiens, dont l’action se déroule en plein milieu du XIXe siècle sous le Second Empire à Sansac-Veinazès dans le Cantal en plein milieu du XIXe siècle sous le Second Empire. Alors qu’on voit des romans historiques pour les jeunes écrits avec une certaine méconnaissance de la période qu’ils décrivent, on doit féliciter Ahmed Kalouaz de nous livrer un ouvrage qui, exempt d’anachronismes, porte magnifiquement un univers bien précisé dans l’espace et le temps.

On est là avec un roman historique s’appuyant sur des faits connus de révolte dans des maisons de redressement destinées à des jeunes orphelins ou délinquants. Rappelons que l'institut éducatif et sanitaire des Vermiraux au village de Quarré-les-Tombes (à la limite de l’Yonne et de la Nièvre) connut lui aussi en 1911 une révolte collective se traduisant cette fois par la condamnation des responsables de l’établissement.

L’idée était de faire acquérir à ces derniers un métier (généralement agriculteur) et de leur fournir des conditions de vie économiquement et moralement acceptables alors qu’ils étaient soit isolés, soit tombés entre les mains d’adultes malveillants. Ces dernières années la BD francophone s’est également inspirée de cet univers mais cette fois il s’agissait de la période de la Belle Époque. Avec le premier tome du "Fils de l’officier" on était à Aniane dans l’Hérault, un lieu très précisément situé. Par contre avec la série "Les innocents coupables" nous étions dans la Brie sans qu’aucune allusion à un établissement précis ne transpire.

Avec "Les Sauvageons", le héros Hyppolite a pour père un charron du Cantal. Après la mort de ce dernier Hippolyte Darasse, âgé de 14 ans, est confié par sa mère à un oncle mais le jeune garçon fugue. Il a eu le tort de faire un bout de chemin avec un adulte chapardeur. Lorsque ce dernier est pris par les gendarmes, Hyppolite est repéré comme orphelin vagabond et placé en maison de redressement. Hyppolite fugue et part travailler sur le port de Sète, il revient pour fomenter une révolte qui aura pour conséquence la fermeture de la colonie pénitentiaire.

Accessible jeunesse Aucune illustration

Zaynab

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Avis de Adam Craponne : "Une propédeutique à la maison d'arrêt"

L'action se passe dans les premières années du Second Empire où se développent les bagnes d'enfants. On est dans le Massif central, plus exactement à Sansac-Veinazès au sud d’Aurillac dans le Cantal. Ce roman historique est l'occasion de revisiter ce que pouvait être une colonie agricole pour jeunes au XIXe siècle. Celle décrite a vraiment existé de 1845 à 1857.

Après avoir commis quelques larcins (parfois incités par des adultes) ou seulement être surpris à mendier ou vagabonder, des mineurs trouvent là, contraints et forcés, un lieu pour les rééduquer.

On pensait que les orienter vers le monde agricole permettrait de leur éviter de retomber dans certains dangers liés aux villes. Sont restés en mémoire des lieux comme Mettray au nord de Tours, non seulement à cause de Jean Genet, mais aussi du fait que dans des dessins d'humour de la Belle Époque il est la référence lorsque l'on veut parler de ce type d'établissement. Belle-Isle-en-Mer est resté célèbre du fait du poème de Jacques Prévert qui raconte la fuite d'un enfant.

Dans l'ouvrage "Les sauvageons", Hyppolyte arrive là par un malheureux concours de circonstances. Avec ses amis Julien et Giuseppe, il va essayer de s'évader de l'enfer de violence (venue tant des gardiens que des colons) qu'est cette maison de redressement. Les aliments fournies sont à la fois de piètre qualité et de peu en quantité.

« Il fallait se rendre à l'évidence, nous n'étions plus rien, perdus au milieu des forêts, détestés par la plupart des gens [...]; Nous n'étions plus rien, à peine des numéros, des ombres, sous le béret réglementaire, la veste de toile [...]. L'espoir s'était envolé avec les nuages qui nous survolaient dans le ciel ».

« Aux premières heures de ma fugue, je marchais, inquiet déjà d’avoir à mes trousses deux gendarmes à cheval, ou de croiser les mêmes, dans la traversée d’un village. Comme la première fois, je prenais le plus souvent des chemins de traverse, évitant les routes qui menaient vers le centre des bourses. De loin, en apercevant un clocher, je me tenais sur mes gardes, me méfiant aussi des agriculteurs occupés aux travaux des champs. L’appât de la prime aux fuyards pouvait aussi en faire des ennemis redoutables. Lorsque arriva le premier soir, fourbu, j’ai cherché un abri pour la nuit à hauteur de Saint-Julien-de-Rodelle, car j’avais délaissé la route qui passait par Estaing et Espalion, certain de pouvoir marcher plus tranquillement sur cette rive du Lot ».

Voilà un récit assez court, où les aventures prennent une tonalité fort dramatique. La solidarité qui lie certains protagonistes (Julien, Giuseppe et Hyppolyte) apporte une tonalité un peu optimiste à l'histoire. Sur le même sujet des bagnes d'enfants, mais pour le Belle Époque, on dispose de deux très bonnes séries en BD " Les innocents coupables" et "Le fils de l'officier" (on y évoque le centre d’Aniane dans l’Hérault).

Accessible jeunesse Aucune illustration

Adam Craponne

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Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

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