Ecrire un avis

Les filles Clemenceau

Les filles Clemenceau
Tallandier240 pages
1 critique de lecteur

Avis de Ernest : "Les filles de leur père en matière de malheur conjugal"

L’ouvrage commence avec une reproduction d’une carte postale représentant le château de l’Aubraye à Féole. C’est le lieu où Georges Clemenceau et ses filles, à une trentaine d’années de différence, passèrent leur enfance. L’aînée se nomme Madeleine et la cadette Thérèse; elles ont un frère Michel. Ce dernier réussit à se faire élire député au tout début de la IVe République; il a bénéficié de l’aura de son emprisonnement par les Allemands du fait du courrier qu’il avait adressé à Pierre Laval pour se plaindre de l’utilisation de paroles anglophobes du Tigre par la propagande vichyste.. Michel siège à droite et s’oppose en vain notamment aux nationalisations des entreprises et même en mai 1948 à ce que les écoles des houillères deviennent publiques (avec intégration des locaux des vingt-huit écoles et des cent-trente-cinq instituteurs catholiques). Il préside le Parti répblicain de la liberté dont est membre en particulier Armand Quentin de Baudry d'Asson, membre d'une famille où on adhère à l'Action française depuis sa création.

Après une introduction, l’ouvrage propose trois parties ; une première porte sur la période 1870-1914, une seconde intitulée "Vivre et survivre à la guerre" allant de 1914 à 1929 (date du décès de Georges Clemenceau) et une troisième courant jusqu’ au début de la Ve République. Les dernières pages présentent une conclusion et trois feuilles nommées "À propos de la mémoire de Clemenceau et de sa famille". Dans ces feuilles sont signalés un petit musée consacrée à Georges Clemenceau à Moret-sur-Loing (fermé en 2014), le musée Clemenceau rue Franklin à Paris et la Société des amis de Georges Clemenceau, et du Cercle Clemenceau (constitué en décembre 2023 pour rendre la dimension contemporaine les idées de G. Clemenceau. On comprend difficilement l’impasse faite sur les deux importants lieux de mémoire situés en Vendée, à savoir la Maison Bélebat à Saint-Vincent-sur-Jard et le Musée national des deux victoires à Mouilleron-en-Pareds.

Le plan permet de voir spontanément que l’enfance des deux sœurs n’est pas un des sujets de ce livre. Pour la connaître, notre auteure sgnale que l’ouvrage Le Pot de basilic paru en 1928, sous la plume de Madeleine, conte celle-ci. En effet Madeleine, dont on voit page 176 une photo la montrant à son bureau, est une écrivaine. On lui doit des bibliographies comme celle de Mme Roland et des ouvrages de fiction comme Les hommes de bonne volonté qui en fait est un hommage aux infirmières servant aux armées durant la Grande Guerre, l’auteure s’appuyant là sur sa propre expérience.

Beaucoup de personnes ont une idée sur la façon dont Georges Clemenceau obtint le divorce auquel son épouse se refusait. Il la fit surprendre en état d’adultère en 1891. Mary Plummer (1849-1922) fut ensuite expulsée du territoire français.La vie sentimentale des filles du Tigre n’en fut pas moins agitée.

Madeleine épouse en 1889 l’avocat Numa Jacquemaire et ce dernier, pourtant catholique pratiquant, se suicide à l’automne 1902. Il le fait après avoir surpris son épouse et Maurice Bernard (futur député radical du Doubs durant la Première Guerre mondiale) dans une situation sans équivoque.

Il faut savoir que Raymond Poincaré avait été le témoin direct de ce drame qui se passa en 1902 dans une demeure proche de Meung-sur-Loire. Il avait la tutelle testamentaire de René, le fils de Numa et Madeleine. Cela l’amena à défendre les intérêts de René contre ceux de Madeleine et à mettre en avant une inconduite de cette dernière. Georges Clemenceau n’admet ps certains agissements de Poincaré en cette matière et les relations entre les deux hommes se détériorent gravement de ce fait. L’animosité entre ces deux hommes a donc pour source un problème familial et les historiens l’ignoraient. On sait que Madeleine fréquentait la station thermale bourbonnaise de Néri-les-Bains (près de Montluçon) et si elle y croisait volontiers Léon Blum, elle évitait soigneusement Raymond Poincaré pour les raison que l’on sait.

René entame une carrière de médecin puis de chirurgien, il meurt en 1931; il est victime d’une exposition excessive aux rayons X en raison de son rôle de promoteur de l’usage de ceux-ci en matière de radiologie. Il s’est marié avec Marie-Blanche di Pietro, fille du comte Emilio di Petro et de Jeanne Lanvin, fondatrice d’une maison de couture bien connue.

À la fin de la Belle Époque, Madeleine avait pour amie Marcelle Tinayre qui donna des récits de voyage et des romans. Cette dernière professait des idées tant anticléricales que féministes. Née Chasteau, elle avait épousé le graveur Julien Tinaure qui mit fin à ses jours en 1923.

Frédéric Bac et Madeleine se rencontrent alors que le premier a 77 ans et la seconde 66 ans. C’est la baronne de Pierrebourg qui est à l’origine de cette liaison. Cette dernière signe Clude Ferval, prenant là un pseudonyme masculin comme nombre d’auteure de l’époque. Elle donne des biographies et des romans.

Frédéric Bac est un « artiste éclectique, il est en effet dessinateur, écrivain, décorateur, peintre, paysagiste, lithographe, ferronnier, architecte, caricaturiste, mémorialiste » (page 165). Son père Karl Bac est le fruit d’une liaison entre Jérôme Bonaparte et Sabina Ludovic de Stetten une dame de la cour de ce dernier qui fut un temps roi de Westphalie. Frédéric est né à Stuttgart en 1859 et vient s’installer à Paris au début de la IIIe République. Lui et Madeleine restent amoureux jusqu’à la mort de cette dernière.

Durant L’Occupation, tous deux sont fortement hostiles au régime de Vichy. Ils rappellent que Georges Clemenceau disait de Pétain qu’il était « sans idée, sans coeur, sans cran, plus administrateur que chef,sans imagination et sans fougue » (page 161).

Madeleine a donc une sœur Thérèse qui épouse André Gastineau en 1894; celui-ci est le fils d’un avocat qui fut député radical d’Eure-et-Loir aux débuts de la IIIe République. Franc-maçon , il est d’autre part fort hostile à Jules Ferry. André, dès la mort de son père en 1885, a pour tuteur Georges Clemenceau. Le Tigre en fait un sous-préfet d’Albertville puis un fonctionnaire du ministère des finances.

Thérèse entame une longue procédure de divorce à l’encontre d’André en raison des infidélités de ce dernier. Elle a une liaison avec l’avocat Jules Jung qui compte parmi les victimes de la grippe espagnole. Elle a mené une vie mondaine au début du XXe siècle.

Pour tous publics Quelques illustrations

Ernest

Note globale :

Par - 320 avis déposés -

Connectez-vous pour laisser un commentaire
Vous aussi, participez en commentant vos lectures historiques facilement et gratuitement !

Livres liés

> Voir notre sélection de livres sur Clemenceau .

> Suggestions de lectures sur le même thème :
> Autres ouvrages dans la même catégorie :