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Laïcité: Comment la loi de 1905 fut votée ?

Laïcité: Comment la loi de 1905 fut votée ?
Delcourt120 pages
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Avis de Xirong : "M. Bienvenu-Martin participe avec beaucoup de Briand à l’élaboration de la loi de 1905"

On démarre l’ouvrage avec une double page mettant en valeur un certain nombre de députés, placés sur l’hémicycle en fonction de leur opinion politique. On est là sur la deuxième page de couverture et la page en face, donc avant la page titre.

Quoique la SFIO vienne de faire son unité en avril 1905, à juste titre on prend soin de distinguer Maurice Allard qualifié de socialiste révolutionnaire (et on verra qu’il est farouchement anticlérical), alors que Jaurès, de Pressensé et Briand ont l’étiquette de socialiste. Parmi les figures radicales sont croqués notamment Jean-Baptiste Bienvenu-Martin ministre de l’Instruction publique, des Beaux-arts et des cultes durant quasiment toute l’année 1905 et le premier trimestre 1906 ainsi que Ferdinand Buisson président de la Commission parlementaire chargée de mettre en œuvre la loi de séparation des Églises et de l'État.

Joseph Caillaux est en effet encore un républicain modéré à l’Alliance républicaine démocratique, il ne deviendra radical qu’en 1911. Il siège alors aux côtés de Louis Barthou et de Paul Deschanel. D’esprit modérément laïque sont les progressistes avec comme figure phare Alexandre Ribot qui pensait que le moment était inopportun pour dénoncer le Concordat mais vota pour la loi de Séparation de l’Église et de l’État après avoir pesé pour la rendre plus conforme à un esprit d’apaisement. On verra son rôle dans le récit.

Au sein des farouches opposants, empreints de l’idée de défense intransigeante des intérêts sont mentionnés l’abbé Hippolyte Gayraud  (parlementaire du Finistère, siégeant en soutane, sans que cela pose le moindre problème), Henri Grousseau (professeur de droit administratif, il est l’oreille et la voix du pape dans les débats) mais aussi Georges Berry (ancien monarchiste rallié tardivement à la République). Ce ne sera pas seulement les Vendéens qui regretteront que ne fut pas mise là en avant la figure du marquis romain  de Baudry d’Asson car il fut un opposant intransigeant à cette loi, même si son action tient plus dans les remarques d’interruption que dans le contenu. Il  représente à la Chambre un courant en voie de fossilisation à savoir les fidèles au royalisme. Il est de plus antisémite, une opinion malheureusement partagée alors également par des républicains. Clemenceau, d’origine vendéenne, est sénateur du Var depuis 1902, aussi il n’a pas à être mis dans l’hémicycle de la Chambre des députés. Ce sont au total 21 députés, dont le président de la Chambre Paul Doumer qui sont croqués.  

La narratrice est une enseignante à l’École normale au début des années du XXe siècle. Ceci permet incidemment de rappeler que les femmes n’ont pas le droit de vote durant toute la IIIe République, les militaires de carrière non plus mais c’est un autre sujet. Ponctuellement on reviendra sur les acquis progressifs et limités obtenus dans le domaine des droits des femmes à la Belle Époque.

Dans le domaine fictionnel, elle devient en 1905 (et pour un temps limité). De manière étonnante, elle garde tout le temps ses trente-cinq ans du départ et,  sans donc qu’elle ne prenne un ride, cela l’amène notamment à pouvoir évoquer l’Affaire des foulards de Créteil (1989) et la Commission Stasi (2003). 

En démarrant le récit en 1904, la BD fait l’impasse sur le projet de loi de Séparation proposé par Francis de Pressensé. Certes il est présent dans les huit notices biographiques en fin d’ouvrage mais il passera inaperçu à la très grande majorité des lecteurs de cet ouvrage. Par contre est largement mis en valeur Louis Méjan, haut fonctionnaire protestant né à Nîmes et dans une moindre mesure le journaliste Léon Parsons de tradition catholique et je juriste Paul Grunebaum-Ballin né dans une famille juive. Briand, qui a une réputation de dilettante, s'appuie considérablement sur leur travail de propositions de laïcisation. 

Par ailleurs avoir consacré nombre de vignettes à la question du féminisme certes mais personnellement je pense qu’il y a là une dispersion. Les nombreuses vignettes sur le sujet auraient grandement gagné à être remplacées par plus de planches de vulgarisation des enjeux à la Chambre des députés et dans le pays avant et après le vote de la loi. 

Si aujourd’hui, on peut en partie lier droit des femmes et laïcité, au début du XXe siècle ce sont deux univers totalement étrangers l’un à l’autre. En fait pour faire simple, les catholiques entendent bien mettre les femmes sous la coupe de leur curé et les laïcs sous l’emprise de leur mari. En fin d’ouvrage est proposée l’intégralité du texte de la loi de Séparation de l’Église et de l’État. 

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

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