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Un protectorat français au Maroc: un nouveau regard

Un protectorat français au Maroc: un nouveau regard
L’Harmattan 500 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Avant la Marche verte, il y eut la marche à suivre sous le Protectorat"

Actuellement  le Maroc fête les 40 ans de son occupation des deux-tiers du Sahara ex-espagnol qui allaient  se traduire quelques années plus tard par l’annexion de la totalité de ce territoire. L’ouvrage Un protectorat français au Maroc : un nouveau regard nous invite à revisiter un demi-siècle de l’histoire d’une bonne partie du pays actuel ; en effet non seulement la partie que nous venons d’évoquer est espagnole mais c’est en plus le Rif et l’enclave d’Ifni qui dépendent aussi de Madrid. D’ailleurs les villes de Ceuta et Melilla plus quelques îlots à proximité des côtes marocaines sont toujours espagnoles. En 1668, lorsque le Portugal redevient indépendant, Ceuta reste sous administration espagnole, les Portugais s’en étaient emparés en 1415 ; Melilla est espagnole depuis 1497. Il est fort regrettable que le titre Un protectorat français au Maroc : un nouveau regard ne présente pas la moindre carte, on attendait évidemment au moins les frontières du Maroc sous le protectorat français et une présentation de la progressive occupation français de l’Afrique du nord depuis 1830.

Manque cruellement ici la mise en relief du rôle, rétrospectivement apparaissant comme paradoxal de Lyautey, c'est à ce dernier qu'on doit une avancée vers Colomb-Béchar en 1903; celle-ci restreint la surface d'un Maroc dont il allait se faire le chantre une dizaine d'années plus tard. On aurait pu aussi rappeler que le Maroc avait été sinon le premier pays au monde à reconnaître en 1777 l’indépendance américaine, comme il s’en vante, du moins le premier pays non européen à savoir en 1786. D’ailleurs de 1801 à 1806 les USA  mènent leur première guerre, à savoir contre les régences d’Alger, Tunis, Tripoli et face au Maroc. Les relations suivies, et pas toujours conflictuelles, entre les deux pays expliquent (comme ne le dit pas le texte) qu’à la fin du XIXe siècle le Sultan ait sollicité de la part des USA un rôle de protecteur afin de lui éviter un démembrement par diverses puissances européennes.

On aurait aimé aussi un index des noms de personne, cela aurait permis en particulier dans quel chapitre on pourrait parler de Thami El Glaoui, un homme qui pesa tant en politique intérieure, que dans le domaine économique et dans les médias. Ce sultan de Marrakech est aussi connu sous le nom de "grand bordelier", un titre qu’il doit non seulement au quartier de maisons closes de Bab El Khemis qui contenait plus d’un millier de prostituées, mais aussi aux 27.000 prostituées opérant dans la région de Marrakech, dont il prélevait 25% des entrées.  Ce sont d’ailleurs les autorités militaires françaises qui sont à l’origine de cette vocation, car pour alimenter les bordels militaires de campagne, elles se sont adressées à lui afin qu’il réquisitionne des femmes indigènes.

L’auteur s’attache à rappeler que les rivalités pour occuper le trône entre Moulay Abdelaziz et son frère Moulay Hafid (à quoi on peut ajouter la révolte menée par Rogui Bou Hmara)  ainsi que la dette marocaine sont les causes qui facilitent, la colonisation  la conquête puis la pacification qui d‘ailleurs s’étala jusqu’au milieu des années 1930.

L’ouvrage explique bien comment fonctionnent sous le Protectorat français (1912-1956) entre autres les institutions et il met en exergue les réformes administratives mises en place puis évoque les domaines où la puissance publique a un rôle moteur (entre autre voies de communication et instruction publique), la dimension socio-économique, la croissance démographique. La thèse de Mohamed  Germouni est que le passage par l’étape du Protectorat a été bénéfique pour le développement ultérieur de ce pays.

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

465 critiques
08/11/15
Page 21 de "Histoire de l'Algérie à la période coloniale", une carte qui montre que la France n'occupe Béchar et des régions plus au sud qu'à partir de 1903-1904.
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