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L'instituteur au début du XXe siècle

L'instituteur au début du XXe siècle
CPE159 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Depuis plus près de trois-quarts de siècle, nous attendions cet heureux temps de sa réédition"

Dans l'Entre-deux-guerres, un grand éditeur français eut l'idée de demander à des personnalités de présenter de manière littéraire un métier soit qu'ils avaient exercé, soit avec qui ils étaient en contact régulier. Ainsi c'est Albert Thomas qui rédigea (secrétaire général du Bureau international du travail) sur l'ouvrier et l'on vit un évêque écrire le texte sur le prêtre, un romancier spécialiste en récit sur la mer se consacrer au métier de marin... Après l'attribution à Ernest Pérochon du prix Goncourt en 1920, ce dernier est l'instituteur le plus connu de France même s'il ne va pas tarder à devenir écrivain et quitter le métier d'enseignant.

Toutefois, comme l'explique l'avant-propos, Ernest Pérochon ne perd absolument pas le contact avec l'enseignement. En effet il est délégué départemental de l'éducation (dans le vocabulaire d’aujourd’hui), membre du conseil d'administration du lycée de garçons de Niort ; par ailleurs, son épouse enseigne, durant quasiment toute l'Entre-deux-guerres, le français et l'histoire-géographie à l'École primaire supérieure de Niort (ce qui correspond au niveau collège aujourd'hui). Dans un département comme les Deux-Sèvres où l'enseignement catholique est puissant, Ernest Pérochon est scolarisé dans une école laïque car il est issu d'une famille protestante. Cette école de Courlay est d'ailleurs majoritairement fréquentée par les dissidents catholiques dits de la Pettie église (ils ont refusé le Concordat).

Dans l'ouvrage "L'instituteur" rebaptisé aujourd'hui "L'instituteur au début du XXe siècle", Ernest Pérochon dresse le tableau de la formation à l'École normale et du métier d'instituteur tant pour ce qu'il est à la Belle Époque (l’auteur est né en 1885) que dans les années 1920. L'évolution est non négligeable, tant par le fait que dans l'Entre-deux-guerres tout instituteur doit passer par l'École normale, que les instructions officielles de 1923 réorientent sérieusement le contenu de l'école primaire française définie par Jules Ferry. Célestin Freinet qualifiait ces dernières de véritable charte pour l'enseignement moderne. Par ailleurs la sociologie de l'éducation est introduite à l'École normale et tous les normaliens doivent posséder le brevet supérieur, alors que nombre de "mérovingiens" ayant débuté leur carrière avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, n'ont que le brevet élémentaire.

Le regard de l’auteur est critique et il ne dépeint pas de façon louangeuse un métier (qu’il a aimé pourtant beaucoup) car il s’agit pour lui de prévenir le jeune, qui songe à embrasser cette carrière, de certaines difficultés que ce dernier ne soupçonne pas. C’est un témoignage éclairé d’un contemporain qui évoque non seulement son vécu, celui de son épouse mais aussi celui de collègues que l’on peut parfois identifier de façon sure en consultant les dossiers professionnels de ceux qu’il a côtoyés à l’École normale (voir à ce propos l’article sur Henri Ranger, paru dans le numéro 8 du "N°25 Cahiers Ernest Pérochon" de septembre 2010). Bien que, l'auteur le souligne déjà, l'école de la sous-préfecture ou de la préfecture, soit l'objectif final de la plupart des instituteurs, de très longues années seront à faire dans les villages. Ernest Pérochon qui, à une exception d'une année près, n'a enseigné qu'en milieu rural (dans la partie nord-ouest des Deux-Sèvres principalement) nous parle avec tendresse principalement ici des écoles de campagne.

Les illustrations, qui ne figuraient pas dans l'édition d'origine, proposent deux photographies de classe primaire en double-page, l'une évoquant la période de la Belle Époque, l'autre l'Entre-deux-guerres. Ceci est très pertinent, l'est nettement moins le choix de proposer d'entrée une photographie sur une double-page qui tient de la salle de lecture d'une bibliothèque municipale citadine, même si la majorité des personnages relèvent de l'âge du certificat d'études. Deux prolongements à cette lecture, tout d'abord toujours chez le même éditeur CPE, l'ouvrage "Au temps du certificat d'études" où il est à noter qu'une double-page est consacrée à l'école sous le régime de Vichy.

Sont signalés, dans ce dernier titre et évidemment pas dans l'ouvrage de Pérochon, quelques livres interdits par le régime, ce à quoi on pourrait rajouter le roman scolaire d'Ernest Pérochon "À l'ombre des ailes" pour deux raisons essentielles (une illustration pleine page où la famille écoute Radio-Londres, un aviateur anglais sympathique meilleur ami du père du petit héros). Justement un révoqué pour franc-maçonnerie en 1940, Germain Rallon, autre écrivain régionaliste des Deux-Sèvres, entré dans l'Instruction publique comme remplaçant juste avant 1914, a vu réédité récemment son ouvrage "Le pote" (récit de sa Grande Guerre) chez Marivole, qui appartient au même groupe d'éditions que CPE où est publié "L'instituteur au début du XXe siècle".

Pour tous publics Quelques illustrations Plan thématique

Adam Craponne

Note globale :

Par - 735 avis déposés - lecteur régulier

735 critiques
17/11/14
C'était le temps du 14° dans les classes, voir page 8
http://www.archives04.fr/jlbweb/Archives%2004/action_culturelle/10.pdf
735 critiques
21/11/14
Passage d'un an d'Ernest Pérochon à l'école primaire supérieure de Parthenay

http://www.archives-vienne.cg86.fr/1050-le-doc-du-mois-de-juillet-2013.htm
663 critiques
01/12/14
RENTRÉE DES CLASSES DANS MANUELS DU PRIMAIRE PAR DES EXTRAITS DE "NÊNE" D'ERNEST PÉROCHON http://perochon.blogspot.fr/
461 critiques
13/01/15
598 critiques
28/01/15
"Quelques-uns portaient la toque noire et la redingote austère ; quelques autres, pensant que l'habit fait le moine, s'affublaient d'un costume spécial, parfois extravagant ; mais l'instituteur-tisserand, l'instituteur-tonnelier demeuraient fidèles à la blouse, aux sabots, au bonnet tricoté."

("L'instituteur" d'Ernest Perochon)
401 critiques
25/10/15
Retracer la carrière d'un instituteur - Quelles sources ? Quelles méthodes ?

http://www.amazon.fr/Retracer-Carri%C3%A8re-dun-Instituteur-Collectif/dp/2350771946
319 critiques
04/12/15
Conférence le 9 décembre 2015 à 15 h sur l'Ecole et les valeurs de la République au Musée de l'éducation de Rouen
735 critiques
08/03/17
735 critiques
09/08/17
Textes pour manuels scolaires pris dans romans scolaires ou romans pour adultes d'Ernest Pérochon
https://manuelsanciens.blogspot.fr/search?q=P%C3%A9rochon
319 critiques
15/10/17
Le Musée Nivernais de l’Éducation a réouvert ses portes le samedi 1er juillet 2017 dans l’ancienne école Victor Hugo à Nevers
http://www.lejdc.fr/nevers/loisirs/education/2017/06/30/le-nouveau-musee-nivernais-de-l-education-ouvre-ses-portes-dans-l-ex-ecole-victor-hugo_12465654.html
465 critiques
06/01/18
Sauvons la Maison-Ecole du Grand Meaulnes
https://www.leetchi.com/c/association-de-maison-ecole-du-grand-meaulnes?utm_source=sendinblue&utm_campaign=Sauvons_la_Maison_Ecole_du_Grand_Meaulnes&utm_medium=email
735 critiques
28/08/18
Passe ou repasse ton certificat d’études Villiers-sur-Marne le 29 septembre 2018 de 16h à 18h
https://www.villiers94.fr/evenement/passe-ou-repasse-ton-certificat-detudes/
663 critiques
04/08/19
Ernest Pérochon : ses petits-enfants retournent à l’école du Prix Goncourt
https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/commune/courlay/ses-petits-enfants-retournent-a-l-ecole-du-prix-goncourt
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