Avis de Benjamin : "L’engagement syndical exprime une croyance certaine aux valeurs et aux objecifs de l’organisation"
L’auteur Dominique Durand est membre fondateur du conseil scientifique de l’Institut d’histoire sociale de la Fédération CGT des Services publics. Cet ouvrage est le premier tome d'une série de trois volumes couvrant 1903-1975, 1975-1995, puis 1995-2025.
Dans ce premier volume, est présentée la naissance de la Fédération des services publics qui se fait en 1903 ; cette dernière apparaît en 1903, alors que la CGT s’est constituée en 1895 à Limoges. Sont venus des représentants d’employés communaux issus de Paris et de grandes villes françaises. À cette occasion, Dominique Durand évoque les tâches dont les villes ont la responsabilité à la Belle Époque. Est mise en avant également les revendications de la Fédération nationale des travailleurs municipaux, celles-ci sont portées au niveau local ou au niveau national dans des discussions avec l’Association des maires de France née en 1907.
Léon Jouhaux est secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs en 1909, et en 1914 il oriente son syndicat vers l’acceptation de la mobilisation alors que la CGT avait prévu de lancer un mot d’ordre de grève générale. Les employés municipaux se voient confier de nouvelles tâches en faveur du ravitaillement, des soldats et des réfugiés.
La Révolution russe et la fin du conflit en France ont pour conséquence pour la première fois des grèves locales de communaux, Jouhaux ayant annulé le projet de grève générale en juillet 1919, face aux menaces de Clemenceau, alors Président du Conseil. Le 23 octobre 1919, une loi impose un statut du personnel, soumis à l’approbation du préfet, pour les communes de plus de 5 000 habitants. La CFTC se crée en novembre 1919 et la CGT connaît la scission d’une partie de ses troupes qui crée la CGTU en 1922. La Fédération unitaire des employés et ouvriers des services publics des collectivités locales se crée. Elle est implantée majoritairement en région parisienne, dans le Nord, la Loire, le Rhône, la Haute-Vienne et le Finistère.
Durant l’entre-deux-guerres, des écoles de formation se créent (la plus active est celle crée par Henri Sellier, maire socialiste de Suresnes pour l’ensemble des municipalités de la Seine) alors que les administrations rationnalisent leurs services. Des mutuelles se créent pour ces travailleurs. Le congrès national d’unité entre la CGT et la CGTU se déroule en mai 1936 pour les communaux. Une Fédération unie et générale des services publics est crée pour accueillir les travailleurs hospitaliers et ceux de l’éclairage communal. Face aux grignotages des acquis du Front populaire, la CGT lance un mot d’ordre de grève général le 30 novembre 1938, afin de protester contre les décrets-lois Daladier. Ce mouvement est férocement réprimé. Près d’un an plus tard, les militants communistes, qui ne désavouent pas le pacte germano-soviétique, sont exclus de la CGT. Tout au long de cette période, Dominique Durand porte à la connaissance de son lecteur les noms des responsables syndicaux des collectivités locales.
Le gouvernement de Vichy interdit les syndicats et publie le 1er octobre 1941 le premier statut des fonctionnaires. La CGT réintègre les militants communistes en avril 1943. Après l’éviction des ministres communistes et les grèves qui suivent, ce sont cette fois les réformistes qui quittent la CGT pour fonder la CGT-Force ouvrière, toutefois certains réformistes restent dans la centrale historique. Dans les années cinquante et au début des années soixante, la représentativité de la CGT et de la CGT-FO est sensiblement égale chacune tournant autour d’un peu plus de 35% aux élections professionnelles. Cependant la CGT progresse sensiblement à partir de 1965, personnellement je pense que ce résultat est à mettre en lien avec le nombre plus important de maires communistes (et de mairies avec un maire socialiste soutenu par des élus communistes), une période de conquête municipale qui se clôt en 1983. En 1979, vu la grande différence des statuts, le syndicat décide de créer des fédérations, l’une pour la santé et l’autre pour les collectivités locales.
On suit les mesures touchant les fonctions des employés municipaux. Des évènements extérieurs au syndicalisme comme la Guerre d’Algérie ou la répression de révoltes populaires dans des pays de l’Est vont peser sur le destin de certains militants syndicaux.
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