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Le Tigre en Provence: Georges Clemenceau, l'élu du Var

Le Tigre en Provence: Georges Clemenceau, l'élu du Var
Edisud238 pages
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Avis de Adam Craponne : "Le radicalisme varois : «Clemenceau m’a tué»"

Voilà un ouvrage qui essaie de décrire les rapports qu'a entretenus Clemenceau avec les élus varois et qui propose également, non une réflexion mais une accumulation d’informations, sur la place du radicalisme dans le département du Var pour quasiment toute la IIIe république. Clemenceau fut successivement député de la circonscription de Draguignan entre 1885 et 1893, puis sénateur du Var de 1902 à 1920.

L'on perçoit d'ailleurs très bien l'état de fragilité du radicalisme dans l'Entre-deux-guerres dans cette partie de la Provence, une fois Clemenceau retiré, coincé entre des alliances contradictoires et les oppositions tant à droite qu’à gauche aux idées du Tigre. En 1919 un seul radical valoisien Paul Denise est élu député sous la bannière du Bloc national et en 1924 alors que radicaux sont alliés aux socialistes au niveau national, ils se voient refusés dans le Var le moindre siège possible par la SFIO qui, sure de son hégémonie à gauche dans le Var, décide de conduire non une liste de Cartel des gauches mais une liste socialiste élargie uniquement à François Brémond qui n’est pas socialiste mais républicain socialiste.

Les parlementaires varois ne sont pas tous originaires de Provence. Avant Clemenceau, Jules Roche (d'origine ardéchoise) fut un député opportuniste de ce département et Camille-François Raspail (frère de François Vincent Benjamin Raspail député et candidat aux premières élections présidentielles de décembre 1848) qui était parisien, représenta le Var au Palais-Bourbon de 1885 à 1893. C'est d'ailleurs à lui que l'on doit l'entrée dans l'État-major d'Estherhazy, le véritable traître de l'Affaire Dreyfus. C'est le rôle que tint Clemenceau dans la défense de Dreyfus qui permit son retour comme élu du Var; toutefois battu comme député, c'est comme sénateur qu'il redevint parlementaire. Joli parcours pour quelqu'un qui des années durant avait demandé la suppression du même Sénat…

Dans "Le Tigre en Provence: Georges Clemenceau, l'élu du Var", on suit tant les lignes générales de la vie personnelle et politique du Tigre à Paris que l'univers des personnalités varoises qu'il est amené à côtoyer. L'auteur a fait un très gros effort pour nous présenter de nombreux élus provençaux.

Se passionner pour la vie politique varoise sous la IIIe république, n'est pas donné à tout le monde et on peut regretter le peu de pédagogie de l'auteur pour nous faire entrer dans ses arcanes. Ainsi les pages 52 à 56 sont largement incompréhensibles, car l'auteur présente comme deux congrès radicaux rivaux ce qu'il faut qualifier l'un de réunion opportuniste et l'autre de radicale, les deux ayant en commun d'être évidemment des assemblées républicaines.

Par ailleurs le vernis d'érudition au niveau local saute lorsque l'on passe au niveau national. Ainsi risque-t-on de voir des auteurs tenir pour vrai toutes les "informations" contenues dans l'ouvrage. Page 226 l'affirmation, fort discutable, que Briand doit beaucoup à Clemenceau pour sa carrière politique, n'a pas échappé (malheureusement) à Claude Mercier qui la reprend dans son récent ouvrage " Clemenceau ... tout simplement " (un titre d'ailleurs très remarquable par les illustrations qu'il propose). Existent des petites erreurs, comme celle de déclarer uniquement SFIO la liste conduite par Renaudel en 1924 et des incompréhensions de certaines situations, faute de connaissances. Ainsi si Édouard Herriot insiste pour voir figurer Paul Denise sur une liste de cartel, c’est que ce dernier est le beau-frère de Camille Pelletan.

Le regard critique sur les actions de Clemenceau est manquant. Il y avait plus à dire sur les relations que le Tigre entretenait avec les Provençaux. On aurait aimé en particulier trouver le récit de la réaction de Clemenceau face aux accusations de lâcheté des soldats du Midi au tout début de la Première Guerre mondiale. Loin de faire un travail de journaliste, en vérifiant les faits et en pointant les origines des médisances, le Tigre (alors sénateur du Var) regretta les actes supposés des unités provençales. Charles Galfré est décédé en 2013, il fut journaliste et rédacteur en chef de "Var-Matin".

Pour connaisseurs Aucune illustration Plan chronologique

Adam Craponne

Note globale :

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