Ecrire un avis

La Turquie et la Chine: Une nouvelle convergence en Eurasie?

La Turquie et la Chine: Une nouvelle convergence en Eurasie?
L’Harmattan325 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Je t’aime, moi non plus"

L’ouvrage dresse d’abord un panorama historique des relations entre l’Empire ottoman et l’Empire du milieu. La Turquie est certes un des rares pays européens à n’être jamais rentré en guerre avec la Chine au XIXe siècle, et on peut dire que ces deux pays gardent pendant toute la fin du XIXe siècle une mise sous tutelle de la part des grandes puissances. Certes ils ne sont pas colonisés mais ils subissent l’impérialisme sous une autre forme en particulier par le jeu des concessions (pour la Chine) et des capitulations (la Turquie) ; de plus certains revenus comme les montants de douane, les transports ferrés ou la Poste reviennent dans ces deux pays directement ou indirectement à des puissances.

L’Empire ottoman est dirigé par un sultan qui est aussi commandeur des croyants de par son titre de calife, de plus ils sont originaires de l’espace entre la Mer Caspienne et la Mer d’Aral ; or de Kachgar au Turkestan chinois (sic) jusqu’à  la Mer d’Aral  il y a moins de 1 000 km. Le Japon a d’ailleurs essayé à plusieurs reprises, dans son objectif d’affaiblissement et de démantèlement de la Chine, d’utiliser les mauvais et déloyaux services de Turcs mais sans grande réussite. L’Empire ottoman n’a jamais apporté d’appui financier ou armé à des rebelles de la région très largement peuplé de musulmans (en 1960 encore 90%) qu’était le Xinjiang. Par contre l’auteur rappelle que les sultans appuyèrent le royaume islamique d’Aceh, au nord de Sumatra, dans sa lutte contre les Portugais au XVIe siècle. Lorsqu’en 1915, les Turcs suscitèrent une révolte contre les Russes chez les Kirghizs, la Chine emprisonna les agitateurs ressortissants turcs qui avaient trouvé plus prudent de séjourner au Xinjiang que dans l’Asie centrale aux mains du tsar. En effet les autorités chinoises craignaient que la révolte au nom du calife n’embrasent par contamination le Turkestan chinois (page 52).   

Les intellectuels et hommes politiques chinois de la Première République s’intéressèrent beaucoup à l’action des Jeunes Turcs puis à celle d’Atatürk. La reconnaissance de la Chine populaire par la Turquie se fit en 1971. Tolga Bilener dresse un tableau de l’évolution de ces relations bilatérales. Il est certain que les projets des Nouvelles routes de la Soie vont renforcer les liens économiques entre les deux pays et depuis 2016 la Chine est le deuxième partenaire économique d’Ankara.

Tant la Chine que la Turquie, mais à deux échelles différentes, étendent depuis plusieurs années leurs zones d’influence. L’accès aux ressources naturelles d’autres pays les placent assez souvent comme rivales. Alors que des vagues de sinophobie traversent nombre d’états de l’Asie centrale, la Turquie a des entreprises qui décochent des contrats conséquents et mène là une active politique culturelle toutefois les républiques en question (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tukménistan)  entendent préserver la langue officielle de leur de toute contamination de la langue turque parlée en Turquie. Ainsi depuis 2012, en Ouzbékistan les chaînes de télévision se voient interdire de passer toute production venant d’Ankara. Par ailleurs la répression qui frappe les Ouïgours suscite en Turquie parfois de violentes agressions de bâtiments de particuliers ou de la République populaire de Chine, voire de ressortissants chinois. 

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

Par - 735 avis déposés - lecteur régulier

Connectez-vous pour laisser un commentaire
Vous aussi, participez en commentant vos lectures historiques facilement et gratuitement !

Livres liés

> Suggestions de lectures sur le même thème :
> Autres ouvrages dans la même catégorie :