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Maghreb, question d'histoire

Maghreb, question d'histoire
L'Harmattan234 pages
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Avis de Adam Craponne : "Du nationalisme tunisien"

Il s'agit d'une suite d'articles de l'auteure qui traitent de diverses questions touchant l'Afrique du nord en général, en particulier la Tunisie plus marginalement de la Libye et de la Syrie.

Les deux premiers textes évoquent l'émir Chekib Arsalan qui est un Libanais d'origine druzze. Il fut non seulement un maître à penser pour les nationalistes arabes mais aussi un intermédiaire dans le cadre du financement que l'Allemagne (voire plus tardivement l'Espagne) accordait à des opposants à la présence coloniale française. C'est avec Mussolini qu'il a entretenu les relations les plus proches, allant jusqu'à dire que l'intervention italienne en Éthiopie répondait à un désir de protection des populations musulmanes face à l'oppression qu'elles subissaient de la part de l'Église orthodoxe d'Abyssinie. On perçoit, grâce à ces deux articles, certaines évolutions dans la politique coloniale française en Syrie et au Maghreb.

Un texte se concentre sur l'immigration italienne et espagnole au Maghreb ; sont fournies des informations qualitatives et quantitatives. L'auteure note que ces populations fournirent en Algérie des bataillons aux mouvements antisémites, alors que ce ne fut pas le cas en Tunisie. Nous avancerons que dans le premier pays se posait de façon cruciale la question de l'accès à la citoyenneté française alors qu'en Tunisie ce problème n'avait pas la même dimension. Un article analyse par ailleurs combien en Tunisie la naturalisation des Maltais, Italiens, juifs et musulmans prit des aspects particuliers et à quelles oppositions elle fit face.

Un article explique dans quelles conditions naît en 1923 la CGTT, ancêtre de l'UGTT ; Mohammed Ali El Hammi en est le leader. C'est l'évolution de la CGT, de la CGTU, de la SFIO, du PC et de l'UGTT qui est étudiée pour la période qui va jusqu'à la proclamation de l'indépendance. Un texte se centre spécifiquement sur la situation des syndicats pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette même période est traitée ensuite par un article autour de Moncef Bey qui tente d’affirmer son indépendance vis-à-vis des autorités de Vichy et est destitué sur ordre du général Giraud pour plaire aux colons. Ce dernier article relève les aspects de la politique antisémite en Tunisie entre 1940 et 1943. Les positions du Parti communiste tunisien et de l'ensemble des mouvements politiques et sociaux sont évoquées pour les années 1955 et 1956. Le jeu complexe des USA au Maghreb entre 1942 à 1956 est l'objet de deux éclairages. Enfin on termine avec les velléités d'annexion du Fezzan par la France dans l'immédiate Seconde Guerre mondiale ; cela sert de point de départ pour s'intéresser aux nébuleuses relations franco-libyennes pour les années 1945 à 1985.

L'auteure de cet ouvrage est décédée à la mi-mars 2017, elle était née Saada à Gabès en 1925 et vivait à Paris. Son mari Aldo, décédé en 1969, fut un responsable communiste et militant syndicaliste de l’USTT aux côtés de Hassen Saadaoui, le père de ce dernier était le bâtonnier Albert Bessis qui fut ministre au second gouvernement Ben Ammar en 1955-1956, puis député tunisien à l’Assemblée constituante (de 1956 à 1959) et à l’Assemblée  nationale (de 1959 à 1969). La fille de Juliette Bessis est Sophie Bessis, née en 1947 à Tunis ; elle vient de sortir Les Valeureuses : cinq Tunisiennes dans l'histoire, chez une maison d'édition de Tunis nommé Elyzad,

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

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