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Trois pièces du théâtre des Yuan

Trois pièces du théâtre des Yuan
Les belles lettres350 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Voltaire est tombé par terre c'est la faute à Zhao, Rousseau est tombé dans le ruisseau c'est la faute aux propriétaires"

"L’automne au palais des Han" de Ma Zhiyuan, "L’orphelin des Zhao" de Ji Junxiang et "Zhao Li offre sa chair" de Qin Jianfu sont les trois pièces de théâtres qui sont présentées ici. Elles appartiennent au Théâtre chanté, apparu en Chine au XIIIe siècle, ce dernier a atteint son point culminant sous la dynastie des Yuan. Rappelons que cette dynastie est celle qui descend du mongol Gengis Khan et règne sur l’ensemble de la Chine une petite partie du XIIIe siècle et les deux-tiers du XIVe siècle, Marco Polo rencontre son premier empereur à savoir Kubilaï.

Ces textes uniques ont été destinés à des publics populaires, et nous parlent de la façon dont la pensée chinoise des sentiments, les valeurs, les croyances et les conflits individuels et collectifs, ainsi que les réponses morales à des situations difficiles. Les trois textes sont présentés ici, sur la page de gauche dans leur version chinoise reproduite à l'origine dans une édition de 1616 intitulée "Yuanqu xuan jiozhu", et sur la page de droite en traduction française, les notes sont nombreuses originales pour un lectorat français ou inspirées de divers commentaires de Chinois sur l’œuvre.

Cent-soixante-deux livrets nous sont parvenus de ce genre où alternent partie chantée et partie parlée,  ces œuvres informent sur la mœurs et les pensées des Chinois du XIVe siècle. Resortent là ce qui est valorisé ou blâmé en matière de sentiments, valeurs et croyances. Les trois pièces choisies présentent une excellente introduction à ce genre et l’une d’entre elle trouve une résonnance dans le théâtre de Voltaire.

On a déjà vu sur ce site, grâce au livre "La Chine sur la scène française au XIXe siècle" de Shih-Lung Lo, que Voltaire fit jouer en 1755 "L’Orphelin de la Chine", cette pièce  de Voltaire est inspirée de "L'Orphelin de la famille Zhao" de Ji Junxiang (1234-1279). Confucius fait allusion à un certain Zhao Dun de la principauté de Jin dont les proches furent assassinés suite à des rivalités politiques; un des trois commentaires de l’œuvre de Confucius développe l’évènement et l’historien Sima Qian à la fin du IIe siècle avant Jésus-Christ donne un autre contenu sur les faits évoqués. C’est ce dernier récit qui sert d’appui à l’intrigue de "L'Orphelin de la famille Zhao". L’étonnant est que la recherche d’un nouveau-né, fils d’un rival éliminé par un subterfuge par un ministre du pays de Jin, renvoie au massacre de très jeunes enfants à l’initiative d’Hérode. Il s’en suit un échange d’enfants dans des conditions subtiles qui vont amener le ministre scélérat à adopter le fils de celui qu’il a contraint au suicide.   

"L’automne au palais des Han" de Ma Zhiyuan pose la question des relations pour le Ier siècle avant Jésus-Christ entre les empereurs chinois et les barbares Xiongnu, à ces derniers on offre pour les amadouer des princesses de la famille impériale. Le drame se joue sur fond de corruption à la cour impériale.

"Zhao Li offre sa chair" de Qin Jianfu se penche sur le sort de deux jeunes lettrés sans fonction officielle vivant au début du Ier siècle après Jésus-Christ. Le problème de la famine qui sévit dans les campagnes, du fait de l’égoïsme des riches propriétaires, est posé ainsi que celui de l’anthropophagie qui peut en résulter. On sait que cette dernière est réapparu à divers moments de l’histoire chinoise et récemment autour de l’année 1960 lors du Grand Bond en avant.

En Chine il était de règle de situer l’action d’une œuvre littéraire sous une dynastie plus ou moins lointaine, car la censure aurait sévi à l’encontre d’un récit mettant en scène les turpitudes de personnes de l’époque. La dynastie régnante est en effet censée être apparue pour mettre fin aux excès négatifs de la précédente et vouloir apporter le bonheur à son peuple. Voilà pourquoi on s’inspire de faits qui globalement ici sont censés se dérouler entre 1000 et 1500 ans avant la période de création de la pièce. Isabella Falashi propose 120 pages d’introduction et de bibliographie réunies qui éclairent non seulement chacune des œuvres mais également le genre auquel elles appartiennent. 

Pour connaisseurs Aucune illustration

Benjamin

Note globale :

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