Les défis chinois: La révolution Xi Jinping

Éric de La Maisonneuve a été général de division. Il a été également enseignant à l’Institut de Diplomatie de Pékin entre 2004 et 2014, à une époque où l’on ne surveillait pas le contenu des cours des professeurs étrangers, ce qui n’est plus le cas actuellement (page 69). Comme il l’écrit à propos de la seconde moitié des années 2010: « c’est un retour en arrière qu’on croyait impensable, une radicalisation idéologique et une emprise croissant du système sur les moyens de communication, en particulier par le contrôle d’internet » (page 71). On sait par ailleurs que récemment des organisateurs ou artistes occidentaux d’expositions culturelles se sont scandalisés de la censure qui s’était exercée lors de leur manifestation en Chine (voir entre autre https://next.liberation.fr/images/2018/12/14/chine-le-lianzhou-foto-trouve-censure-a-son-pied_1697910). Pour l'anecdocte, du point de vue de la présentation du "nu", on en est revenu en gros à la période maoïste ou mandchoue.

Au sujet de l’Empire du milieu en ce début du XXIe siècle, il écrit : « c’est un contre-modèle mi-étatique mi-libéral et aux couleurs chinoises, mais capitaliste, comment la Chine aurait-elle pu s’embarquer aussi vite dans la mondialisation et avec quels résultats ? » (page 31). Sans évidemment justifier la corruption, l’auteur explique ses trois vecteurs : l’immobilier (donc au niveau des municipalités), les affaires (pour de hauts cadres du PCC, il y imbrication entre fonction politique et rôle dans des directions d’entreprises) et la revanche sur des périodes de pénurie.  

L’auteur écrit : «  le Président Xi, en bon taoïste et adepte du stratège Sun Zi, a pris deux initiatives apparemment contradictoires : un retour en arrière idéologique mêlant les pensées de Confucius, Marx et Mao dans un salmigondis intellectuel improbable ; une fuite en avant avec l’initiative "une ceinture, une route", remake des antiques routes de la soie et fantasme de la recomposition du monde d’après les théories de l’universalisme à la mode chinoise » (page 245).  

Éric de La Maisonneuve rappelle quels sont les sept maux qui menacent la société chinoise, selon Xi Jinping : « la démocratie constitutionnelle occidentale, les valeurs universelles, la société civile, le néolibéralisme, le journalisme à l’occidentale, le nihilisme historique et la critique du socialisme à caractéristiques chinoises » (page 70).

Par ailleurs en divers circonstances, il présente puis analyse les actions de purge entreprises au sommet par Xi Jinping, la dernière victime médiatique est Meng Hongwei président d’Interpol jusqu’à sa démission forcée au mois d’octobre 2017, suite à son arrestation en Chin. La raison en est qu’il fut l’adjoint au ministère de la Sécurité publique de Zhou Yongkang lié à Bo Xilai ; notons d’ailleurs que responsable de la Police armée du peuple en 1989, il joua un rôle dans la répression des évènements de Tian Anmen. D’ailleurs, après la visite de Xi Jinping en France en mars 2019, le régime de Pékin a rendu publiques les accusations contre Meng Hongwei.

L’auteur explique, au milieu de l’ouvrage, en quoi la Chine et les USA sont en concurrence à fois dans le domaine militaire et l’univers économique (page 167). Ce titre aborde nombre des questions qui se poseront dans l’avenir pour et au sujet de la Chine, que ce soit par exemple la question démographique  (poids grandissant des personnes âgées), les relations commerciales avec les autres pays dans le cadre d’une nouvelle Route de la soie, les investissements chinois en Afrique, les conflits passés et potentiels avec des pays voisins (dont évidemment Taiwan)…