Avis de Zaynab : "Une épopée d’outre-atlantique"
Le dernier des Mohicans est publié pour la première fois en janvier 1826 aux USA, les faits racontés là ne sont censés n'être antérieurs que d’une bonne soixantaine d’années à la date d’impression de ce roman d’aventures. Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret assure dès l’année suivante sa traduction en français et l’ouvrage entre très rapidement dans le patrimoine de la littérature de jeunesse.
Thibaut Vermot est professeur de français-latin-grec mais aussi lui-même écrivain, et il a donné spécialement des titres de littérature de jeunesse pour Sarbacane. Avec Frédéric Pillot, il avait donné par ailleurs une adaptation de Deux Ans de vacances, un titre de Jules Verne.
Rendre plus accessible par un vocabulaire en partie renouvelé (plus explicite et parfois imagé grâce à des expressions bien connues), une syntaxe simplifié et une action décrite de façon plus concise, semble avoir été l’objectif de Thibaut Vermot.
Comparons ainsi, pour un passage capital du chapitre cinq (à la page 65 de l’édition de Saebacane), la prose de Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret avec celle de Thibaut Vermot. Le premier écrit :
« – Écoutez, comme je vous l’ai déjà dit. Quand vos pères anglais et français tirèrent de la terre la hache de guerre, le Renard leva son tomahawk avec les Mohawks et marcha contre sa propre nation. Les Visages-Pâles ont repoussé les Peaux- Rouges au fond des bois, et maintenant, quand nous combattons c’est un blanc qui nous commande. Le vieux chef de l’Horican, votre père, était le grand capitaine de notre nation. Il disait aux Mohawks de faire ceci, de faire cela, et il était obéi. Il fit une loi qui disait que si un Indien buvait de l’eau de feu et venait alors dans les wigwams de toile de ses guerriers, il serait puni. Magua ouvrit follement la bouche, et la liqueur ardente l’entraîna dans la cabane de Munro. Que fit alors la tête grise ? Que sa fille le dise ! ».
Le second propose :
« – Écoute, reprit Magua avec sérieux ; quand les Anglais et les Français ont déterré la hache de guerre, j’ai pris le parti des Mohawks et combattu contre les Hurons, ma propre nation. Les visages pâles ont chassé les miens de leurs terres de chasse, et maintenant quand nos peuples se battent, il y a toujours au-dessus un homme blanc qui tire les ficelles. Le vieux chef au lac Horican, ton père, était le grand capitaine de notre bande de guerre. Il disait aux Mohawks: fais ceci, fais cela, et les Mohawks obéissaient. Il fit une loi: si un Natif avalait l’eau-de-feu et venait dans les tentes de toile des guerriers blancs, il serait puni. J’ai imprudemment ouvert la bouche, de l’alcool est tombé dedans, et je suis entré dans la cabane de Munro aux gris cheveux. Et qu’a fait ce dernier ? Que sa fille parle ».
L’illustration de Frédéric Pillot a une petite tonalité caricaturale qui aide à mieux saisir les sentiments des personnages. Le format adopté 26 x 37,2 cm permet au dessinateur de rendre magistralement les caractéristiques de certains paysages.
L’action démarre en 1757 autour du Lac George (également appelé Lac Horican par les Amérindiens). Il s'écoule vers le Lac Champlain par une rivière appelée La Chute qui est faire justement d’une succession de chutes et de rapides. Lieux propices aux situations dangereuses…
On est là dans le cadre de la Guerre de sept ans qui voit en Amérique du Nord les rares soldats français commandés par Montcalm, heureusement soutenus par colons et membres de certaines tribus amérindiennes, affronter l’ennemi anglais. Le récit est conté du côté des troupes du côté du colonel britannique Munro.
Ce dernier dispose de faibles moyens de défense au fort Henry. Les filles de Munro décident d’aller rejoindre leur père. Elles sont accompagnées de David La Gamme maître de chant, du major Duncan Heyward et d’un guide indien Magua qui désire les trahir. Heureusement, ce petit groupe rencontre le chasseur blanc Œil-de-Faucon (élevé dans la tribu des Delaware) et ses deux amis mohicans Chingachgook et son fils, Uncas. Les Hurons, menés par Magua, attaquent les héroïnes...
Accessible jeunesse Beaucoup d'illustrations