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Les grands procès criminels de l’Antiquité grecque

Les grands procès criminels de l’Antiquité grecque
L’Harmattan 199 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Jugeons, jugeons, jugeons le citoyen Antiphon, Antiphon, Antiphon, l'universel intéressé, eh ! eh !"

Dans l’introduction, l’auteur écrit :

« Les grands procès criminels sont les miroirs d’une société ». (page 7)

« À plus d’un titre, ces grands procès criminels de l’Antiquité grecque sont les témoignages vivants d’une société proche de la nôtre malgré les siècles qui nous séparent de leurs protagonistes. Ces grands procès sont donc bien plus que la restitution historique des débats judiciaires d’une civilisation disparue. Ils sont l’illustration d’une question qui n’a pas encore reçu de réponse, celle de savoir si "les procès finissent toujours par celui de la justice". » (page 11)

En fait il s’agit ici de développer des analyses autour de trois grands procès. On évoque celui d’un empoisonnement lié à une vengeance avec la saisie de la juridiction la plus haute l’Aréopage. Dans cette première partie, on commence par nous évoquer Antiphon, en nous précisant qu’Antiphon de Rhamonte et Antiphon d’Athènes sont le même personnage né en 480 avant Jésus-Christ (erreur page 15) dans une famille aristocratique et il meurt en moins 410.  Le père et le fils professent le sophisme. Il avait soutenu contre Socrate (mort en moins 399) que :

« L’individu doit s’organiser pour n’obéir aux lois que lorsque son intérêt lui commande de le faire. L’intérêt prévaut car il procède d’une nécessité naturelle ». (page 17)

Il est condamné à boire la ciguë pour avoir été l’instigateur de la révolution oligarchique de moins 411 à Athènes (dite des Quatre-Cents), aux côtés des généraux Phrynichos et Théramène. Il est avocat d’Euphiléos accusant sa belle-mère d’avoir empoisonné Philonéôs en laissant croire à l’amante de ce dernier qu’il s’agissait de lui faire avaler un philtre d’amour. Cette dernière, une esclave, fut exécutée peu de temps après.

La deuxième partie évoque un crime commis par Euxithéos sur Hérode qui avait disparu du bateau qui l’avait transporté dans l’île de Lesbos, suite à une tempête. Là encore entre en jeu Antiphon et « les accusateurs vont, en effet, impliquer le père d’Euxithéos dans le meurtre d’Hérode en s’appuyant sur évènements politiques qui avaient secoué dix ans plus tôt la cité de Mytilène. En 428 avant Jésus-Christ, Mytilène, (…) refusa d’une augmentation considérable du phoros, un tribut dont les Athéniens imposaient le versement annuel aux membres de l’alliance. (…) Défiés dans leur autorité, les Athéniens décidèrent d’assiéger Mytilène. Dès l’été 427 avant Jésus-Christ, la cité fut prise. » (page 69)

Le père d’Euxithéos est suspect d’avoir soutenu la sédition, une partie de ses terres furent alors attribués à Hérode un clérouque (citoyen soldat d’Athènes).

Le dernier procès rapporte des faits ont un rapport avec la prise de pouvoir par les trente Tyrans à Athènes.  C’est Lysias, un des dix plus grands orateurs grecs de l’Antiquité  né en 440 avant Jésus-Christ qui intente un procès vers 398 avant Jésus-Christ et qui le rapporte. Il est question d’adultère et de la possibilité que donne la loi de punir la coupable, prise en flagrant délit, par la mort.

Ce livre évoque trois procès très en phase avec une période connue de l’histoire d’Athènes. Il pose la question des rapports entre témoins et justice au cours de l'histoire grecque tout en nous faisant connaître mieux les procédures de cet univers et en revisitant les interprétations des faits donnés par des historiens non juristes. En conclusion, Éric Gilardeau écrit que :

« Au plan historique et juridique tout d’abord, les questions posées par ces grands procès sont toujours d’actualité qu’il s’agisse de l’instigation d’un crime, du rôle et des conditions d’application de procédure, de la prémiditation ou de la présomption d’innocence. » (page 185)

Il est fort dommage que les situations à l’origine du procès soient présentées de façon peu claires. Si l’auteur s’intéresse au contenu du procès il pourrait prendre conscience que le lecteur, non spécialiste en histoire grecque, cherche d’abord à comprendre les faits à l'origine du procès puis qui sont les acteurs du drame, ensuite qui plaide et enfin qui rapporte, sans avoir affaire à wikipédia pour l’éclairer (ou pour ajouter à la confusion).  

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Adam Craponne

Note globale :

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